Poele à biochar?

Bonsoir la communauté des poeleux ouverts,

Je suis ingénieur thermicien (thermique du bâtiment, donc bioclimatisme, paille, terre-paille, etc, mais je ne connais pas particulièrement les chambres de combustion des chaudières ou des poeles), j’ai suivi la formation d’auto-construction de pdm d’Oxalis pour m’en faire un chez moi, et puis j’organise des ateliers de construction de fours à biochar (à l’africaine, avec des futs de 200L et un rendement faible, mais c’est toujours mieux que de de tout bruler à la rivière comme on fait en Cévennes habituellement (sic)).

J’ai fait la simple expérience de mettre une cocotte minute remplie de bois sec, fermée mais non scellée, dans un insert cet hiver, et en voyant le gaz s’échappant de la cocotte bruler, je me
suis posé cette question : A quoi pourrait ressembler un poele qui produirait du biochar plutôt que de la cendre ? Qu’est-ce qu’il produirait comme chaleur ? Ou bien, en posant la question autrement : est-ce qu’on peut se chauffer en produisant du charbon de bois ?
Peut-être qu’on ne se pose la question du chauffage que centrée sur la question du rendement de combustion, mais que si on intègre d’autres fonctions (fertilisation et séquestration de carbone), ça aurait du sens d’accepter un rendement plus faible ?

Je m’imagine un petit cycle du bois, en milieu rural : en trognant des arbres en têtards, on peut imaginer débiter son bois de chauffage sans tronçonneuse (petites sections), qu’on « charbonne » ensuite dans son poele (au passage, on se chauffe) puis qu’on intègre dans son sol, pour construire lentement sa « terra preta »…

Bon si c’était aussi simple que ça, cela ferait longtemps qu’on s’y serait tous mis, mais je veux bien s’il vous plait que vous m’indiquiez quelques éléments de compréhension.

Bien à vous,

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Bonjour @FRL
C’est un gazogène que tu as fait la, je construit un poële de ce type si jamais.
DD

Bonjour @FRL et bienvenue !

Pour moi c’est possible dans un de nos foyers batchblock, à condition de pouvoir régler la quantité d’air primaire indépendamment de celle d’air secondaire. Le turbuleur est déjà une zone où ne brule que le gaz issu de la combustion du bois (https://www.uzume.fr/batchblock).

Il faut juste amorcer la gazeification en allumant le bois et en alimentant le foyer en air primaire, puis diminuer progressivement la quantité d’air primaire et augmenter la quantité d’air secondaire pour continuer à bruler les gaz.

Il y a probablement un protocole à trouver pour faire ca de manière peu polluante car la température dans le turbuleur doit etre suffisament élevée pour que les gaz brulent. Pour que cette température soit suffisamment élevée, il faut avoir préalablement bien préchauffé le foyer et le turbuleur.

On pourrait peut etre meme le faire assez simplement en n’injectant que de l’air primaire depuis la porte, mais assez haut dans le foyer. Déjà je vois qu’en respectant la technique autrichienne qui force à injecter l’air à au moins 5 cm du sol on augmente la quantité de braises et de charbon. En injectant à par exemple 15cm on pourrait surement augmenter cet effet.

PS : Tu as l’air de bien t’y connaitre, et je n’ai jamais vraiment compris l’intéret du biochar par rapport à de la matière organique fraiche : d’un point de vue énergétique, le biochar est forcément plus pauvre que le bois dont il est issu. Est-ce que les effets du bois frais sur le sol ne sont pas plus fort que ceux du bois charbonné ? Je pense notamment aux expériences de lucien Séguy du cirad.

Merci @yasin,

La plage de température idéale pour la production de biochar est 500-600°C.
Je me note cette réponse dans un coin de la tête pour améliorer ce processus de fabrication de biochar.

Le biochar n’est bien sur pas la panacée dans toutes les situations.

On peut bien sur cycler la matière organique fraiche en la déposant au sol pour qu’elle se décompose directement (champignons pour les ligneux, et toute la faune du sol pour le reste). Il faut un sol vivant, qui retienne les nutriments (limoneux argileux pas trop pentu), et puis il ne faut pas avoir des tas de branches de 3m de haut, sinon, ils vont mettre dix ans (ou plus), à se décomposer. L’idée est dans ce type d’approche de couper du bois jeune, en petites sections (trognes par exemple). C’est ce que l’on fait en agriculture syntropique par exemple, ou en Maraichage Sol Vivant.

Cependant, si tes sols ont peu de capacité de rétention (sableux drainants), sont pentus et lessivés par les fortes pluies (épisodes méditerranéen), la décomposition est lente, et ton sol a vite fait de faire une indigestion. Pour remédier à cela, on peut broyer le bois. Mais il faut encore du pétrole.
J’ai essayé différentes techniques (fagots, broyage, dépôt direct, charbonnage), et dans le contexte des Cévennes, cela me semble avoir du sens de faire du biochar pour gérer les rémanents des coupes de bois.

L’autre point, c’est que le charbon est stable (500 à 10 000 ans, bonjour la plage d’incertitude…) dans le sol, s’il n’est pas en trop petits éléments digérables par les vers. La surface d’échange du charbon est très importante, et peut accueillir plein de nutriments et de micro-organismes dans ses mésopores, ce qui manque en sol pauvre. On peut aussi charger le biochar en le chargeant avec des purins, ou de l’urine, avant de l’incorporer au sol, ou bien l’utiliser dans les litières des animaux pour absorber l’ammoniaque et avoir des bergeries qui sentent bon. Donc en fin de compte, ce n’est pas vraiment une fertilisation, c’est plutôt une modification de la structure et des caractéristiques du sol.

Ce qui est désolant pour le moment, c’est que pour produire le charbon, tu monte toute ta matière à 500-600°C sans avoir d’usage de cette chaleur. Donc je me dis, qu’en changeant de point de vue sur le chauffage (qui ne servirait pas qu’à se chauffer), cela peut s’intégrer dans une boucle de rétroaction positive qui régénère les milieux forestiers plutôt que de les appauvrir (je produis de la fertilité en me chauffant, ce qui augmente la production de biomasse, avec laquelle je me chauffe…), et en stockant du carbone.

Je ne suis pas un spécialiste du biochar, mais j’ai vu qu’il existe pas mal de littérature scientifique sur le sujet, en anglais très majoritairement, il existe une « International Biochar Initiative » avec site web, newsletter, rencontres, etc, et la COP 27 a mis en lumière cette technique comme l’une des dix techniques prometteuses pour la séquestration de carbone. Et puis c’est simple, pas cher, low-tech…

SI ce n’est pas complètement hors sujet pour ce forum, je peux publier ici les quelques éléments documentaires que je constitue, atelier après atelier sur le sujet (je le fais déjà sur un forum local).

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bonjour, je ne connaissait pas mais sa a l’air efficace. Du coup le biochar=charbon de bois « normal »?
Tu utilise du bois sec? Moi sa m’intéresse ta documentation pour en savoir un peu plus.
bonne journée.

Oui, c’est du charbon de bois, chargé. Attention au charbon de bois du commerce. Il n’y a aucune garantie qu’il ne contienne pas de substances toxiques pour la vie du sol. Je vais prendre un moment pour mettre en forme synthétique ce dont je dispose comme info et retour d’expérience et je le posterai ici.